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Channel: enfants en danger – Droits des enfants
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ASE : temoignage (positif) d’une Ass. Fam ex de la DDASS

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L’émission diffusée sur M6 consacrée  en exergue certains dysfonctionnements passés ou réel de l’ASE,  ne doit pas occultée ce qui se fait de positif à travers ce dispositif perfectible certes , mais dont on  peut pas réduire à ce qui a été montre.  Mme L. M.  assistante familiale, elle-même un long temps confiée ) la DDASS entendait rééquilibré les plateaux de la balance. Je l’ai invitée à le faire. Ce qu’elle a fait en reflexe. Je vous propose son témoignage. Il donne du grain à moudre à la préconisation que j’avançais dans mon dernier billet .

***

Le 18 octobre 2022

LM, assistante familiale

« Suite à l’émission de Zone interdite , nous nous devons de réagir dans l’autre sens.

Pour l’avoir vécue pendant de longues années et pour le vivre à travers les enfants que je reçois  …  la réalité n’est pas si noire que décrite. 

 Bien évidemment il peut y avoir des difficultés ponctuelles, des erreurs voire des fautes individuelles ou institutionnelles, mais plutôt un manque de moyens humains et financiers. 

 C’est un travail humain avec l’humain.

 Un enfant accueilli est un enfant plus ou moins cassé , abîmé , ayant vécu et/ou subi des choses plus ou moins dures. 

 Il arrive que dans un établissement où plusieurs enfants sont accueillis , chacun avec une histoire différente, peu d’éducateurs soient présents qui doivent s’adapter à chaque situation. 

 Un travailleur social est un être humain avec ses qualités , ses défauts  . 

 Avant tout, il faudrait que chaque enfant accueilli bénéficie d’un espace d’écoute (ou silence ) et d’un suivi psychologique. 

 Les travailleurs sociaux doivent être réellement formés et régulièrement et bénéficier eux aussi d’une écoute. 

 Il faut être capable d’entendre des histoires souvent dramatiques et l’humain n’a pas toujours cette capacité. 

 Donc les travailleurs sociaux ont besoin aussi d’écoute pour se libérer et mieux appréhender la souffrances des enfants suivis et souvent des parents eux-mêmes.

 Ils donnent de leur temps et parfois beaucoup plus que ce qu’ils devraient mais ils font un travail extraordinaire et il faut les mettre en valeur . 

 S’il y a réellement de la violence dans certains établissements , il ne faut pas négliger et faire ce qu’il faut pour y remédier, mais il ne faut surtout pas généraliser car ce n’est pas du tout partout comme ça. J’accueille des enfants de plusieurs établissements , et il n’y a pas ces violences dans ces structures. Tout n’y est pas rose effectivement, mais très loin d’être tout noir. Un exemple  que j’ai vécu : des enfants arrivés plus jeunes dans un établissement et étant agressifs , violents , qui piquent de grosses crises de nerfs , cassent … , et bien les éducateurs ne leur ont jamais levé la main dessus, ils privilégient la parole , pourtant comme elles le reconnaissent « On leur en a fait voir «  . 

 Certes,  certains dérapent  comme dans ce foyer que je connais  où pour calmer une jeune qui avait fugué , des éducateurs l’ont plaquée au sol et enfermée à clef dans sa chambre. 

Dans un autre établissement,  un boucher  avait été embauché comme éducateur et certains éducateurs préféraient fermer les yeux ou démissionner plutôt qu’empêcher des mains lestes, même venant de la direction .

Oui il y a des dérapages , c’est évident mais ce n’est pas général , c’est loin ,très loin d’être aussi négatif qu’on le restitue . 

 Il faut quand même bien avoir en tête que les enfants accueillis peuvent extérioriser aussi chacun à leur manière , d’où l’importance des formations , des écoutes , pour ne pas dériver . 

 Certains enfants refusent leur accueil et en veulent à la terre entière et la façon qu’ils ont trouvé de réagir n’est pas forcément la meilleure . 

 Si vous êtes éducateur , que vous entendez ce qui se dit de négatif sur votre profession , vous avez déjà la boule au ventre. Il suffit que juste avant vous ayez discuté avec un autre enfant qui n’a pas eu la même vie que celui qui en veut a tout le monde , et que ce jeune se livre et vous confie des choses très dures à entendre , comment réagissez vous ? 

 La plupart prennent sur eux , vont respirer … et reprennent où ils en étaient et assurent complètement et d’autres craquent .. 

 C’est humain . Après à chacun de savoir faire la part des choses , connaître ses limites , se faire remplacer , des solutions existent … .

 C’est vrai aussi que par manque de moyens humains mobilisables, il se peut que soit embauchées des personnes sans aucune expérience (ni personnelle ni professionnelle) et ça dérape comme on l’a vu. Ces situations sont intolérables et révélatrices d’un dysfonctionnement , mais ce n’est pas la généralité.

 Ce n’est pas en étant aussi négatif que ce milieu attirera de nouvelles compétences quand  ceux présents sont déjà à bout de souffle et entendre que leur profession est dévalorisée, ça ne fait qu’aggraver la situation. Ces institutions doivent certes supporter la critique mais on doit aussi valoriser leurs efforts et leurs résultats.

 C’est un travail d’équipe, qui doit être cohérent , entretenu , soutenu . 

 Des exemples ce n’est pas ce qui manque.

 Et puis il faut faire en fonction de beaucoup de critère donc au cas par cas .

 Par contre oui , ces enfants ont besoin de quelqu’un , d’une tierce personne , qui puisse joindre même pour rien , comme une famille de base est censée être mobilisable ) pour des bons ou mauvais moments, des conseils , bref etc …  Oui il ne faut pas les lâcher comme ça sans personne et dans la nature . Ce n’est pas le matériel le plus important mais le côté humain . 

 Il faut trouver des alternatives aux accueils, recourir à des suivis à domicile si besoin et accentuer suivant les situations mais essayer de maintenir le plus possible , et ne garder les accueils en établissements où famille d’accueil que pour des faits plus ou moins graves et avérés où seul l’éloignement «  sauverait «  l’enfant , et non plus accueillir à tout va , et pour des motifs qui ne justifient pas un accueil mais plutôt un suivi renforcé à domicile. Déjà cela soulagerait pas mal . 

 Et puis arrêtons de dire qu’il ne faut pas s’attacher, ni aimer ces enfants . Ça fera encore plus de ravages surtout pour des enfants déjà bien abîmés. 

 Travailler auprès d’enfants c’est plus qu’une simple profession , et les travailleurs sociaux sont les premiers devant et le savent et vont bien souvent au-delà de ce qui leur ai demandé , mais toujours dans le respect et le bien-être de l’enfant . 

 Combien d’enfant ont été « sauvés » grâce à leur travail ? Combien d’enfants ont réussi à construire quelque chose et être bien grâce à ce qu’ils leur ont appris , montré, grâce à leur empathie , patience , affection ( oui oui car c’est à ne surtout pas négliger , surtout pour des enfants cassés ) . Ils tendent des cartes … aux enfants d’apprendre et les saisir mais il faut les guider . 

 Il faudrait remanier un peu le système … mais à la base . 

 Déjà faire le « Tour de France »  et vérifier ce qu’il s’y passe , entendre les travailleurs sociaux et les enfants / jeunes … mais avec des questions neutres. Regarder , peut être passer quelques jours sur le terrain réel , tout simplement

 Faire réellement un état des lieux , mais en prenant en compte la parole de chacun, même des anciens Ensuite, accompagner les travailleurs à avoir une écoute .. .

 Être rapide et efficace .. sans faire de long discours qui ne servent pas forcément à grand chose mais agir .

 Il suffit de peu de choses mais il faut vouloir…

 J’ai été une de ses enfants , accueillie , ballotée d’un lieu à un autre ( seul point négatif) … et je ne peux que remercier tous les services, leur travail , leur accompagnement , leur temps … et de m’avoir permis d’être qui je suis … et croyez moi , la partie était loin d’être gagnée …

Je leur serais toujours reconnaissante. « 


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